ARTICLE A PARAÎTRE DANS RACAILLES n°66 (avril-mai 2013)
A lire également : "Au Mali si tu savais" http://www.racailles.info/2012/10/au-mali-si-tu-savais.html
A lire également : "Au Mali si tu savais" http://www.racailles.info/2012/10/au-mali-si-tu-savais.html
La guerre au Mali, c'est de ça dont
j'avais l'intention de parler, avant de voir un flot d'informations
déversées dans les assiettes de l'opinion publique à ce sujet...
En fait, beaucoup de choses ont déjà été dites sur ce sujet, on
peut même dire que presque tout à été dit. Les plus vives
critiques ont été émises, mais elle se sont noyées dans la masse
d'informations quotidiennes ; et surtout elles sont écrasées
par la majorité médiatique.
Comment ça la majorité médiatique ?
Oui, il y a bien une majorité
médiatique ! Ce sont ces médias qui font beaucoup dans le factuel,
qui racontent les événements tels qu'ils se déroulent, en
reprenant des dépêches de l'AFP quasiment telles-quelles, (souvent
reprises sur des voies officielles) en racontant les versions du
conflit rapportées par l'Etat Major de l'armée française ou
directement par les ministères concernés (Défense ou Affaires
Etrangères). Bref, en tenant le discours de la majorité !
Mais quid des analyses, du traitement critique de l'information, équitable et sans prise de parti ?
Ces médias dominants semblent
instituer une véritable propagande d’État sans forcément
s'en rendre compte d'ailleurs. Car leur vision du conflit est
complètement unilatérale : ce dernier est présenté
uniquement du côté français, “l'axe du bien” partant en guerre
contre le terrorisme. Une fable bien rodée pour émoustiller le
bellicisme de nos concitoyens et faire accepter l'horreur de la
guerre.
Oui, l'horreur de la guerre, voilà
encore un pléonasme ! Fi au 21ème siècle des guerres propres
et autres conneries de ce genre. Une guerre est par définition
horrible, barbare, primitive et ne trouve aucune justification
raisonnable. Une guerre est un échec de civilisation, une incapacité
de communication, et une résolution ultime d'un conflit marquant la
puissance inégalable de la stupidité de l'agresseur. En effet, il
n'est capable de résoudre ce conflit d'aucune autre manière que par
la violence, le meurtre, l'assassinat de masse, la destruction, la
capture, l'incendie, le pillage, l'humiliation et toutes autres
horreurs forcément inhérentes à l'état de guerre.
« Mais alors ?! » me
rétorque le lecteur, « mais qui est l'agresseur dans cette
histoire ? »
Et le contradicteur : « ne
faut-il pas faire la guerre à l'agresseur pour qu'il arrête ses
agressions ? »
Quel que soit l'agresseur, on le sait
maintenant, l'ingérence d'une puissance étrangère dans les
affaires d'un autre état n'est d'une part rarement dénuée
d'intérêts économiques, et n'a d'autre part aucune légitimité
politique. En effet, de quel droit la France peut-elle choisir la
destinée des Touaregs du Mali ? Comment peut-on se défendre d'une
politique colonisatrice d'un côté et faire obstruction à la
volonté d'autodétermination d'un peuple, situé sur un autre
continent, avec lequel la France n'a aucune frontière en commun, si
ce n'est la frontière économique entretenue avec une ancienne
colonie française ?
En effet, le néocolonialisme Français transpire à grosses gouttes dans cette histoire.
Tout comme la France a mis en place un
gouvernement à sa solde en Côte d'Ivoire il y a peu, elle souhaite
entretenir un gouvernement fantoche en partie sous sa coupe au Mali.
La rapidité avec laquelle le gouvernement malien a été contesté
et déposé au début de la sécession de l'Azawad (partie du Sahel
Malien revendiquée par les Touaregs) prouve bien son illégitimité
et le manque de reconnaissance de celui-ci. Seules la France et
d'autres puissances occidentales ont dénoncé ce coup d'état, et
les mêmes ont dénoncé la volonté de sécession de l'Azawad au
Nord (état qui s'est proclamé autonome il y a un an), soutenus par
d'autres gouvernements d'Afrique de l'ouest également sous la coupe
d'anciennes puissances coloniales (la CEDEAO1
justement dirigée par le président de Côte d'Ivoire A. Ouattarra
évoqué ci-dessus et mis en place par la France).
Non, on devrait d'ailleurs plutôt dire d'actuelles puissances coloniales !
Car le but inavoué de la France dans
cette opération est bien de garder (ou reprendre) le contrôle sur
un Sahel riche en différents minerais ou combustibles fossiles. En
effet, c'est au Niger voisin qu'est extraite la majeure partie de
l'uranium utilisé comme combustible dans les centrales nucléaires
d'Areva. Vous savez, la fameuse “énergie du future” ! Cette
énergie soi-disant illimitée
(nécessitant un combustible très limité sur la planète et situé
dans des contrées fort éloignées de la notre). Cette énergie
permettant “l'indépendance énergétique de la France”
(bien qu'elle soit complètement dépendante des importations
d'uranium du Niger). Cette énergie propre ne produisant pas
de CO2 (alors qu'elle en produit énormément lors de son extraction
et lors de son acheminement vers la France, ce qui n'est jamais inclu
dans les calculs officiels) et non nocive (alors qu'elle tue à
petit feu des centaines de mineurs africains extrayant notre
combustible, à nous Français, pour faire tourner nos putains de
centrales de merde !).
Vous allez penser en me lisant : “oui
mais le Niger c'est pas le Mali, alors pourquoi parler de l'uranium
du Niger ?”. Parce que dans ces énormes étendues
que sont le Sahel et le Sahara, les frontières sont extrêmement
perméables. Elle existent sur les cartes géographiques, mais
dans la réalité, rien ne les matérialise réellement ! D'autant
plus que le peuple Touareg est en grande partie nomade et le
territoire qu'il revendique ne tient pas compte des frontières
héritées de la colonisation.
D'ailleurs, lorsqu'on s'intéresse au
conflit malien, la première chose qu'on fait c'est de prendre une
carte. Pour savoir où ça se situe exactement, pour analyser un peu
la situation géopolitique... Et là ce qui frappe, c'est la forme
des pays, et le dessin des frontières. Complètement inique !
D'abord, on voit que beaucoup de
frontières sont rectilignes, tracées à la règle par les
anciens colons, sans respecter les ethnies, les peuples, voire
même les frontières naturelles. C'est le cas du Mali, dessiné,
comme son voisin le Niger, en forme de sablier , avec leurs capitales
dans la partie Sud, respectivement Bamako et Niamey, un
rétrécissement au centre, ou passe le fleuve Niger - qui correspond
grosso modo à la frontière entre le Sahel et l'Afrique Noire - et
les parties hautes du sablier, vastes contrées n'ayant
géographiquement, culturellement, socialement RIEN à voir avec le
Sud. Et là, même si on n'y connaît pas grand chose sur l'Afrique,
on se dit qu'il y a
un truc qui cloche : pourquoi les colons, avant la
décolonisation, ont-ils tracé des pays sans respecter les peuples,
ethnies et frontières naturelles qui les composent ? Tout simplement pour
garder le contrôle dessus pardi !
Pour nous donner l'illusion à nous
occidentaux, et surtout aux peuples concernés, de la réalité de
leur indépendance et de leur autodétermination. Mais quelle est la
réalité de l'autodétermination des Touaregs qui ont contesté ces
frontières dès l'accession à l'indépendance du Mali en 1960 en
entrant en rébellion pour réclamer – déjà à cette époque -
l'indépendance de l'Azawad ? Et n'ont cessé de le faire au cours
des 50 dernières années ?
Le colonialisme est toujours là,
plus important que jamais, bien plus féroce et perfide
qu'auparavant car il est masqué. Les véritables détenteurs des
richesses minières et économiques de ces régions ne sont pas ses
habitants, ce sont des grosses multinationales aussi puissantes que
des états, tels que les groupes français Bolloré ou Areva, faisant
et défaisant des régimes dans la poursuite de leurs intérêts,
soutenus par les États où ils sont implantés. Ici, on peut
clairement dire que la présence de troupes françaises dans le Sahel
va permettre de sécuriser l'extraction d'uranium faite par Areva et
protéger les routes commerciales détenues par Bolloré. Mais aussi
favoriser l'implantation de nouvelles infrastructures française de
pillage organisé, car l'uranium et la bauxite vont bientôt jouer
les premiers rôles dans l'exploitation minière au Mali, aux cotés
de l'or (selon un document publié par la Direction nationale des
Mines et de la Géologie du Mali). Document paru très récemment !
Sans compter les ressources en pétrole
de la Mauritanie voisine ou en Algérie méridionale où la société
Total est particulièrement bien implantée.
On le voit, les intérêts économiques sont pléthoriques pour la France.
Prête à
investir énormément en période de crise, car le coût de ce
déploiement est faramineux : plusieurs centaines de millions
d'euros. Au moment où l'on nous sermonne sans arrêt sur la
réduction des dépenses publiques, où l'on nous promet “du sang
et des larmes”, où l'on nous parle de réduction de salaires, du
nombre de fonctionnaires, d'augmentation d'impôts, de travailler
plus longtemps, plus vieux... notre pays part en guerre !
Une guerre au service d'un CAC 40
voulant assurer ses rentes. Une guerre au service de groupes
économiques ne payant quasiment aucunes taxes en France, exonérés
d'impôts, gagnant d'année en année plus d'argent que jamais. Bref,
une guerre, injustifiable, avec tout ce qu'elle traîne comme
ramassis de traînées économiques, de corruption, de pots de vin,
de cynisme et de machiavélisme. Justifiée par des motifs
“humanitaires”, par la lutte contre le terrorisme, parce qu'il
faut bien trouver un mensonge à donner en pâture à l'opinion
publique en guise de propagande.
“Oui, mais vous voyez les otages français au Sahel....”
Ouais mais qu'est ce qu'ils foutent
là-bas ces otages ?! Si on cherche un peu, on voit tout de
suite que c'est pas des touristes :
- Philippe Verdon, barbouze ayant écumé l'Afrique : Madagascar, les Comores, et le sud Soudan, déjà enlevé et libéré par la DGSE, n'a rien d'un simple touriste en claquettes.
- Serge Lazarevic est un ex-militaire reconverti dans la sécurité. En 1999, en Serbie, son nom est apparu dans une procédure judiciaire ouverte après une tentative d'assassinat contre Slobodan Milosevic. Serge Lazarevic se serait rendu au Mali pour étudier la faisabilité d'un projet de construction de cimenterie à Hombori, la ville où il a été enlevé avec Philippe Verdon.
- Le 16 septembre
2010, sept
personnes avaient été enlevées par AQMI dans le
nord du Niger à Arlit, un site d'extraction d'uranium. Il s'agit
d'un cadre du groupe nucléaire français Areva et de son épouse,
tous deux Français, et de cinq employés de Satom, une filiale BTP
du groupe Vinci (trois Français, un Togolais et un Malgache).
Après le rapt, leurs ravisseurs les avaient emmenés dans le désert
malien. Le 24 février
2011, la Française, le Togolais et le Malgache ont été relâchés.
Mais les quatre autres Français sont toujours otages.
Bref, un ramassis de colons sans scrupules qui ne s’assiéront
certainement pas à la droite du Christ. Personnellement, je
n'enverrai pas le moindre petit pétard claque-doigt pour la
libération de ces gens-là !
Alors les terroristes qui les ont
enlevé, il faudrait, avant de tous vouloir les exterminer comme l'a
dit notre président (on peut se moquer de Poutine après ça...)
savoir pourquoi ils terrorisent, quels sont leurs motifs, et pourquoi
ils s'en prennent à la France. Méthode logique pour moi et la
plupart des gens civilisés, mais pas pour les énarques technocrates
qui nous gouvernent apparemment ! Car depuis 12 ans qu'on nous
bassine avec le terrorisme islamiste, il y a bien une chose
que beaucoup ont compris [il faudrait qu'on arrête de nous prendre
pour des cons, sérieux !] c'est que la “lutte contre le
terrorisme” génère du terrorisme !
En effet, les racines du terrorisme
ne sont pas à chercher dans tel ou tel précepte religieux ou
dans un soi-disant conflit de civilisation créé de toutes pièces
et qui arrange bien les puissances occidentales pour faire leurs
affaires ; mais plutôt dans l'impérialisme et le pillage
économique générant frustrations, pauvreté, sentiment justifié
d'être dépossédé et exploité par des étrangers. Paradoxalement,
cette soi-disant guerre au terrorisme exposera certainement plus la
France aux attaques terroristes (on peut rappeler les attentats à
Londres et Madrid pendant que leurs armées respectives faisaient la
guerre au terrorisme en Afghanistan). Mais ça, notre gouvernement le
sait très bien, et ce machiavélisme servira parfaitement son
discours antiterroriste. Les résistants français à l'occupant nazi
étaient qualifiés de terroristes aussi bien par l'administration
vichyste que par l'occupant allemand, pourtant leur lutte nous semble
aujourd'hui légitime. Comme quoi la justification permanente du
terrorisme est un excellent prétexte pour que la France puisse
intervenir et défendre ses intérêts.
Il est donc indispensable de connaître
les véritables motifs de cette guerre et ne pas avaler candidement
les raisons invoquées et présentées dans ce qu'il y a lieu
d'appeler une véritable propagande d’État. Il n'y a pas la
prétention dans ce texte de détenir toute la vérité, mais
d'éclairer sur les cheminements possibles, et plus que probables,
qui ont mené au déclenchement de cette guerre afin d'informer
l'opinion que la vérité peut être autre que celle qu'on nous
assène
Comme disait Jean Jaurès peu avant son assassinat en 1914“on ne fait pas la guerre pour arrêter la guerre”. Et diable qu'il eut raison...
XX
il y avais aussi des intérêts économique quand les alliés sont venu virer les nazis ...
RépondreSupprimereffectivement la France est allée au mali en partie pour la thune comme vous le décrivez, mais il ne faut pas oublier la souffrance qu'inflige les intégristes à ce pays, il faudrait donc laisser le mali se débrouiller ? et laisser la population à la merci des salafistes ? pour ma pars je suis bien content que les alliés nous ai délivré des Nazis
Bonjour à tous,
RépondreSupprimerje vous invite à lire cet article :
http://www.jean-marie-muller.fr/ARTICLES/2013/2013-01-MALI.pdf
Cordialement,
Julien
Bonjour!
RépondreSupprimerVous posez la question suivante: "Quid des analyses, du traitement
critique de l'information, équitable et sans prise de parti?" Au sujet des informations qui nous sont données sur ce qui se passe au Mali.
Souhaitez-vous ne pas prendre parti?
Il est une façon de ne pas prendre parti, c'est être indifférent à ce qui se passe au Mali, comme partout où il y a conflit. Et c'est
façon-là montre que celle ou celui qui ne prend pas parti prend pour
parti le sien.
Une autre façon de ne pas prendre parti est de se dire: je ne
comprends pas. Par exemple: je ne comprends pas pourquoi des hommes de l'armée malienne commettent des exactions, meurtres et viols, qui ne diffèrent en rien de celles que les extrémistes (qui disent agir au nom de l'Islam) ont commis? Pourquoi la violence appelle-t-elle la violence? Dans quel camp puis-je me situer, qui n'est celui d'aucun extrémisme, d'aucun despotisme?
Des hommes répondent: je voudrais être du camp du savoir, je voudrais comprendre la haine.
Votre question, on peut la poser autrement, sous de multiples formes:
-Quelles conditions nous amènent à prendre parti?
-Est-il possible de ne pas prendre parti?
-A partir de quel moment pouvons-nous prendre parti?
Prendre parti, n'est-ce pas juger?! Chacun n'a-t-il pas son jugement!?
Vous dites: "Les médias dominants semblent instituer une propagande
d'Etat" N'est-ce pas là un début de jugement, une envie de jugement,
qui vous tracasse? Etes-vous contraint d'accorder votre confiance aux médias dominants? Empêcherez-vous des gens d'écouter les infos à la télé? L'écran de télévision exerce une sorte de fascination, qui interdit la lecture de ce qui est dit. Seules les images choquent. Il n'y a pas de recul pour bien juger.
La propagande, toute propagande, c'est l'orgueil qui l'assure.
Bien à vous,
Vincent