Avec Racailles, on vous
propose d'appréhender les élections municipales d'une autre manière
que celle qui nous a été proposée (imposée ?) ces dernières
semaines, avec une touche de fantaisie, beaucoup d'utopie - parce que
c'est l'utopie qui fait avancer le monde - et enfin avec de
l'imagination. L'imagination contre l'ordre établi.
Lorsqu'on parle élections
municipales, on parle vie locale, choses concrètes, on
voit le changement quasi immédiat dans notre quotidien lorsque des
mesures sont adoptées.
On connaît les élus, on les côtoie plus facilement, on peut leur serrer la pogne, avec douceur si l'on est satisfait ou leur écraser les phalanges si l'on est amer.
Les élus locaux sont nos
voisins, on peut facilement avoir à faire à eux. On peut aisément
leur demander des comptes, remettre publiquement en question leur
politique, les déstabiliser... Ces politiques là ne sont pas
planqués dans des cénacles éloignés au sein de leur caste
politicienne et à la merci des lobbies de tout poil (comme ceux qui
ont leurs locaux au sein même du Parlement Européen de Bruxelles
par exemple, et qui infléchissent les décisions européennes au
détriment de la démocratie).
Bref, les municipales
sont des élections ou l'on sent que notre voix pèse, que notre
bulletin de vote peut avoir son importance.
C'est bien sûr une question d'échelle, mais la démocratie authentique ne dépend-elle pas justement d'une petite échelle ?

Car l'authentique
démocratie sous-entend la participation de tout le monde à la prise
de décision, le minimum de délégation du pouvoir à qui que ce
soit, et lorsque cela se fait, sous mandat impératif, et révocable
s'il n'est pas respecté. Tout cela afin d'éviter la
professionnalisation des politiciens et l'apparition d'une caste
politique défendant ses propres intérêts avant ceux de ses
administrés. L'authentique démocratie doit être maximaliste, c'est
à dire que le dèmos (le
peuple) doit être en mesure de choisir et prendre lui-même les
décisions pour tout ce qui le concerne, et non pas être
minimaliste, c'est à dire qu'elle ne délègue pas la prise de
décision à des élus politiciens en leur donnant mandat libre
pendant une période donnée (comme par exemple élire un Président
de la République sur un programme pour la durée d'un quinquennat et
réaliser au bout d'un an qu'il ne respecte pas ses engagements et
son programme, qu'il va souvent à l'opposé de la volonté du
peuple...).
Il est quasiment
impossible d'imaginer une authentique démocratie à l'échelle d'un
trop vaste territoire. Plus les décisions sont prises loin de
nous et moins nous avons d'impact sur celles-ci. Nous nous
sentons désemparés face aux prises de décisions de la Commission
Européenne par exemple, obscure chambre antidémocratique
choisissant quels types de pêche nous devons adopter, quelles
subventions agricoles, dans quels types d'habitat nous devons vivre,
souvent au mépris de traditions locales, et souvent même, au mépris
du bon sens.
Bref, on prend des
décisions pour ce qui nous concerne directement, on se sent
d'avantage impliqué, dans la vie de la cité qu'à l'échelle d'un
État ou d'un continent. Nous ne donnons pas notre avis sur des sujets
pour lesquels nous n'avons aucune légitimité à choisir tels que
l'insécurité urbaine ou l'immigration pour des provinces rurales
parfois non concernées.
A l'échelle d'une commune...
A l'échelle d'une
commune, on peut réfléchir collectivement, analyser point par point
chaque problème rencontré, interroger séparément les victimes de
ces problèmes, identifier leurs origines et trouver des consensus ou
des compromis allant dans le sens de l'intérêt commun. Par exemple,
on peut trouver des solutions pour recycler nos déchets, pour éviter
d'en produire, pour consommer local, et même produire local en
fonction des besoins de la cité.

A l'échelle d'une ville
on peut choisir de supprimer la voiture en son centre en organisant
des méthodes alternatives de déplacement tels que les transport en
commun, les vélos, les pousse-pousses, les camions mutualisés pour les
marchandises... et tout ce qu'il est possible d'imaginer. On peut
rendre gratuits les transports en commun et les développer : c'est
permettre aux citoyens de conserver leur liberté de déplacement
tout en évitant le coûteux achat d'une voiture et toutes les
dépenses liées.

On peut tendre vers une
ville capable de produire ses propres énergies, en limiter la
consommation, optimiser la production.
On peut favoriser la
ré-émergence de l'artisanat, et de la production des biens de
première nécessité.
Bref, on peut décider de
devenir une ville, ou un village en transition ! Une ville ou un
village résilient, sobre, peut-être même auto-suffisant, et
surtout HEUREUX.
Car toutes ces
mutuellisations, ces
espaces partagés et collectifs recréent du lien social, des
rencontres et des échanges entre générations et entre classes
sociales.
Le lien social est un besoin vital à l'être humain - qui se sent entouré et donc plus fort, moins isolé - contre l'atomisation libéral et l'individualisme ambiant.
Mais pour réaliser cela,
il ne faut pas tenir le discours classique des politiciens de tous
bords qui consiste à “inclure le citoyen dans la participation”.
Il faut que le citoyen prenne le pouvoir intégralement. La
démocratie doit être directe, et non pas représentative ou
participative ! Le citoyen réuni en assemblée est le plus à même
de trouver les meilleures solutions concernant les problèmes qui le
concernent. Le nombre et
le débat favorisent l'optimisation des solutions trouvées. La
recherche du compromis limite les frustrations. L'échange
permet de réaliser que nous ne sommes pas seuls à défendre nos
propres intérêts, que l'autre citoyen peut avoir des intérêts
contradictoires avec les nôtres, et que la seule solution pour
satisfaire tout le monde est la recherche de l'intérêt commun
!
Cela ne peut se réaliser
que dans la recherche permanente du maximum démocratique, dans une
remise en question constante du pouvoir, avec le but que ce dernier
reste toujours partagé entre tous.
Au delà de la commune,
on retrouve d'autres communes, comme autant de cellules d'un corps
vivant sans hiérarchie entre communes, ni de conflits, mais
seulement de la coopération. Des échelons supérieurs sont bien sûr
nécessaires pour organiser le tout, mais en ne détenant qu'une
infime portion de pouvoir sur un domaine bien délimité, en
considérant que la Commune est l'échelon essentiel, la base de
l'organisation. Au détriment d'un État pyramidal générant
inévitablement une société pyramidale, une horizontalité
serait mise en place sous la forme d'une confédération de
municipalités libres.
Pour conclure, dimanche,
votez ou ne votez pas, mais sachez qu'on pourrait faire en sorte de
ne pas laisser les clés de la ville à des gens qui vont décider à
notre place !
XX
Voilà un article intéressant qui nous rappelle que la démocratie c'est notre pouvoir à tous et donc notre responsabilité.
RépondreSupprimerGlobalement d'accord sur le fait que la démocratie directe ne peut réellement s'exercer qu'à une échelle spatiale restreinte. Mais ne mythifions pas trop les "expériences" des anciens ( grecs, suisses... ) : Les citoyens d'Athènes ne représentaient qu'environ 10% de la population ( excluant les femmes, les enfants, les esclaves et... les étrangers ). Quant aux dirigeants, ils étaient généralement issus de la classe des Aristoï ( = les meilleurs ) : notamment Clisthène, le fondateur, et le fameux Péricles, qui instaura une indemnité (misthos) qui permettait aux citoyens les plus pauvres et résidant le plus loin de la ville de chômer un jour pour assurer leurs fonctions civiques et politiques.
RépondreSupprimerLes communes du Moyen Age, même les soit disant "républiques" italiennes de Gênes et Venise, même les premiers cantons de la Confédération Helvétique ( Guillaume Tell est un mythe rassembleur ! ) étaient généralement aussi dirigées par des élites qui ont le plus souvent utilisé les "masses populaires" au mieux de leurs propres intérêts.
La Commune de Paris et le Frente Popular ont d'ailleurs montré clairement que ces gens là n'étaient pas prêts à abandonner le pouvoir.
Les tentatives récentes ont elles plus de chances d'aboutir ?
Je dois avouer qu'avec l'âge j'ai un peu perdu de mon optimisme juvénile, mais...
APYBOOM
Il existe à Caen 5 sites de "jardins familiaux", en tout 450 petites parcelles potagères qui font le bonheur de 450 familles. Mais beaucoup sont menacés :(
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