Depuis de trop nombreuses années, le virus du HDR* se propage insidieusement dans nos contrées. Celui-ci provoque chez les hommes des comportements étranges vis à vis des femmes dans l’espace public, certains étant même contaminés sans le savoir. Et si on coupait le mâle à la racine ?
« SALE PUTE »
Caen, un vendredi soir. Je reviens seule d'un concert où j'ai passé une très bonne soirée avec une copine. L’ayant raccompagnée jusqu'à sa voiture, je repars vers chez moi. Soudain, une voiture ralentit et s'arrête à ma hauteur. A l'intérieur, quatre mecs, une vingtaine d'années environ. Le passager avant baisse alors sa vitre et là, l'insulte, hurlée, crachée : « SALE PUTE !!! ».
La voiture redémarre en trombe, j'entends les rires, juste le temps pour le passager de remonter sa vitre. Moi je reste là, bloquée. Ça aura duré cinq secondes... juste cinq putains de secondes. Quelques mètres à faire avant de retrouver mon appart'. Quelques mètres seulement pour atteindre cette foutue porte.
Une fois chez moi, je me suis effondrée. Parce que j'avais eu peur. Parce que j'étais en colère, contre eux et surtout contre moi. En colère parce que je n'avais rien répondu. En colère parce que la première réflexion que je me suis faite c’est que ma robe était peut-être trop courte. Une chape de culpabilité m'est tombée dessus.
Ce n'était pas la première fois que j'entendais des commentaires de mecs dans la rue, mais je n'y faisais pas - ou je ne voulais pas - y faire attention. Comme beaucoup de femmes, j'avais pris l'habitude de mettre mes écouteurs avec de la musique à fond, de marcher vite, d'éviter certaines rues, de baisser les yeux.
Un vendredi banal, mais une vraie prise de conscience
Après cet épisode, j’en ai parlé à mes ami-e-s. Et là, les réflexions qui m’ont le plus dérangée sont celles des femmes, qui m’expliquent qu’elles n’osent plus mettre de jupe quand elles sortent «
Ça m'est arrivé aussi. C’est pour ça que j'hésite a mettre une jupe quand on sort en public... ». Les mecs, quant à eux, font de l’humour et tentent de dédramatiser : «
Sinon, faut remettre dans son contexte l'approche du pré-pubère auteur de ce petit mot : il est 1h, sa méthode de drague classique a échoué, il ne veut pas dormir sur la béquille, c'est la période du brame, il a tenté un passage en force pour ne pas rentrer bredouille ;-) Sur un malentendu… :-D ».
Heureusement, certain-e-s trouvent les mots justes. «
Je compatis. Ce n'est pas à ces hommes de nous dicter notre façon de nous habiller. A 13h ou à 1h du matin, une jupe ne fait pas d'une femme une pute. C'est à eux de changer leur comportement, pas à nous ! ». Ou encore : «
Ne portant jamais de jupe, je n'ai pas eu le privilège de connaître ce genre de compliment gratifiant... Le goret en question n'est heureusement pas représentatif de la gente masculine, c'est juste un gros con sans cervelle, sans doute incapable de "pécho", donc qui se venge comme il peut : de façon débile. Oublie ce trou duc', et continue de porter des fringues qui te plaisent ».
J’effectue des recherches sur le net et ce que j'y découvre me fait froid dans le dos. Je ne suis pas la seule à avoir subi ce type d’agression, loin de là. Et c'est une bien maigre consolation.

Alors, reprenons depuis le début. Le
harcèlement de rue, puisque c'est de ça dont il s'agit, qualifie « les comportements adressés aux personnes dans les espaces publics et semi-publics, visant à les interpeller verbalement ou non, leur envoyant des messages intimidants, insistants, irrespectueux, humiliants, menaçants, insultants en raison de leur sexe, de leur genre ou de leur orientation sexuelle » (selon le site
stopharcelementderue.org).